Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Tamalous, Wimaiiis, et Nous dans tout ça?
Tamalous, Wimaiiis, et Nous dans tout ça?
Publicité
Archives
30 août 2012

Les gens... (1)

Le petit (1) dans le titre indique que j'ai l'intention d'écrire plusieurs articles dans le même "genre". Encore que là, je vais frapper fort, d'entrée. De manière générale, je passe tellement de temps à râler dans la vraie vie que je vais commencer à le faire sur tout et n'importe quoi en ligne.

J'aime pas les gens. Parfois, je l'oublie mais la vie me le rappelle, assez vite en général. Dernier exemple en date: il y a deux jours, dans le TGV Lille-Bordeaux. En général, nous tombons sur LE gniard bien exaspérant, soit parce qu'il braille, soit parce qu'il hurle, soit parce qu'il bouge, ou les trois mon Colonel. Mais là, non.


Un peu de contexte...

Retour de vacances mais un train relativement vide au départ de Lille... jusqu'à l'arrêt à l'aéroport Charles De Gaulle. Cohue, bagages (ça mériterait un billet "coup de gueule" rien que pour déblatérer sur le côté inadapté des trains en ce qui concerne les bagages) trop nombreux et trop volumineux pour des casiers taille rikiki, et finalement, avec du retard, le train repart. Les heures passent, les arrêts défilent et les gens descendent. Discussions, engueulades, correspondances ratées, négociées, cris dans le vestibule (une histoire de bagages qui bloquent la porte, une autre histoire d'idiots qui ne laissent pas descendre les voyageurs avant de monter) Jusqu'à ce que deux jeunes filles, chargées comme pas possible du pays d'où elles revenaient, finissent par descendre de notre wagon.  C'est alors que...

Chassez le naturel, etc.

Places assises juste derrière nous, par 4. Une dame d'un certain âge, sa petite fille (8-9 ans?) et une autre personne en face. La discussion s'engage entre les deux dames, suffisamment fort pour me tirer de ma torpeur. Sitôt ces deux jeunes voyageuses descendues (l'une d'entre elles était assise dans ce "carré"), les langues de pute se délient. Elles se délient au point qu'elle (je passe au singulier, finalement, car "l'autre" n'a fait qu'aquiescer sans vraiment apporter d'eau au moulin de la médiseuse en chef) en vient à interpeller le contrôleur, demandant si tout ceci était normal qu'elles soient entrées avec autant de bagages. "Il y a un vide juridique.", répond-il, laconique. S'ensuit une conversation dont je vais vous citer les points marquants. (J'ai fini par sortir un carnet et à prendre des notes, tellement c'était énorme.)

"Ah mais on voit toute la misère humaine, quand même!" Ah bon. Rentrer de vacances avec beaucoup de bagages, c'est la misère. De plus, elles ne m'ont pas semblé transpirer la pauvreté par tous les pores.

"Cette race... (...) les civilisations différentes... (...) Ramadan... (...) Musulmans..." On y est. C'est tellement plus facile de critiquer ces deux jeunes filles voilées que les deux jeunes Asiatiques beaucoup plus occidentalisés qui ont, eux, laissé leurs énormes valises en plein milieu du passage et qui, à mon avis, gênaient beaucoup plus que les bagages empilés dans le vestibule. Mais voilà, ils ne sont pas Musulmans, eux.

"Ah mais je ne vais rien dire, je passerais pour une raciste alors que pas du tout!" Argument massue. LE grand classique du genre, à mettre à côté des "je ne suis pas raciste, j'ai un ami qui..." Comme j'ai dit à Eléa à ce moment-là, vous prenez la même phrase, la même intonation, vous la donnez à un type sur une scène, et PAF! Ca fait des Chocapics! Et un sketch de Gad Elmaleh aussi.

"Il va y en avoir de plus en plus!" Mais de plus en plus de QUOI?! De vieilles connes qui déblatèrent dans les trains?

Et puis il y a eu l'affaire de la glacière. Surveillez Ici-Paris, Paris Match, Voici et Closer, les gros titres des prochaines éditions sont déjà imprimés. L'AFFAIRE DE LA GLACIERE, les enfants! Apparemment, les jeunes filles possédaient une glacière, et apparemment, ça sentait mauvais. Tellement mauvais que ça ne m'a pas empêché de manger mon sandwich au pâté. Il y a une justice.

"Leur cuisine est très épicée... mais vous savez pourquoi? C'est parce que la viande est faisandée, c'est ça qui sentait mauvais dans la glacière. Ils mettent trop d'épices pour masquer le goût!" Amis Musulmans, voilà, maintenant vous savez. Vous mangez de la viande avariée au goût masqué par un surplus de ras-el-hanout. La fin est proche, dépêchez-vous de prendre le train avec trop de bagages pour rendre visite à vos familles une dernière fois.

Tous les chemins mènent aux Roms.

Non contente d'avoir déversé son fiel sur les Musulmans, voilà qu'arrive l'autre sujet à la mode chez les bien-pensants: les Roms.

"Ah mais les Roumains (Wait... what?) , les femmes ne peuvent pas travailler, les enfants ont faim, ils piquent tout, sur les lignes de chemin de fer aussi." Je suis sûr qu'en fait, le retard n'avait rien à voir avec les bagages en surnombre. Admirez la superbe confusion entre Roms et Roumains, d'ailleurs.

"Ils pistent les enterrements dans les campagnes, ils cassent les vitres des voitures et volent tout!" Amis Musulmans, quand vous serez morts par excès de kébab pas frais caché sous les épices, prévenez vos familles, qu'elles ne se fassent pas voler par les méchants vilains venus de l'Est. Au pire, laissez de votre viande accrochée à l'antenne de votre véhicule, les enfants qui ont faim viendront la chaparder et la ramèneront au camp. Et un empoisonnement de masse sponsorisé par la mafia d'Hallal Capone. La vie est quand même bien faite.

"Ils prennent le travail des Français!" Argument massue, part II. En même temps, à l'entendre, elle donne du travail à une pauvre amie à elle (dont elle a raconté tous les malheurs), pas parce qu'elle en a besoin, mais pour l'aider. Au moins une "Française" qui ne souffrira pas du vol organisé de l'emploi. 

Nous avons un winner.

"Avec les psychiatres, c'est compliqué, ils demandent de parler. C'est quand même difficile de déballer sa vie, comme ça, à un inconnu. C'est pas pareil avec les psychologues. " Alors de deux choses l'une. Soit elle connait personnellement tous les psychologues de France (ce qui rend les choses plus faciles, admettons-le), soit les psychologues sont des télépathes qui ne demandent pas de parler. Mais surtout, j'ai cité cette phrase car elle est arrivée à la fin d'un monologue où nous avons tout eu, les angines à streptocoque ("Les angines, c'est toujours grave!" mais sans doute un peu moins que la connerie humaine), les malheurs de son amie, qui a eu un cancer, arrêt maladie pendant 3 ans, doit vivre sur ses économies, un monologue qu'elle a tenu devant... et oui! Une inconnue! A mon avis, cette inconnue doit être psychologue, parce qu'autrement, je ne vois pas.

 

Ce qui m'a le plus insupporté, dans l'histoire, ce n'est pas tant le ramassis de dégueulis raciste vomi par cette brave bonne femme en si peu de minutes. C'est qu'elle l'a fait devant sa petite-fille qui est à un âge où on se forge ce genre d'opinions sur les gens, sur les cultures, sur l'Autre avec une belle majuscule.

Je vous avais dit que je n'aimais pas les gens.

Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité